Cinéma | Nouvelles du front

Décès de Philip Seymour Hoffman
1967 – 2014

Philip Seymour Hoffman (The Master de P.T. Anderson, 2012)Décidément, on n’aura jamais assez vu Philip Seymour Hoffman au cinéma. Décédé à 46 ans le 02 février 2014, semblerait-il à la suite d’une overdose liée à sa rechute dans l’héroïne, l’acteur américain faisait pourtant sans le moindre doute partie des plus talentueux de sa génération. Longtemps abonné aux seconds rôles, que ce soit chez les frères Coen (The Big Lebowksi, 1998), Todd Solondz (Happiness, 1998), Spike Lee (La 25ème heure, 2002) ou Paul Thomas Anderson (Hard Eight en 1996, Boogie Nights en 1997 et Punch Drunk Love en 2002), Hoffman s’était pourtant imposé depuis une dizaine d’années, et son interprétation dans Truman Capote (Bennett Miller, 2005), au tout premier plan. C’est chez Anderson, dans Magnolia (1999), que l’acteur avait pour la première fois eu l’occasion de disputer la vedette à des célébrités du calibre de Julianne Moore ou Tom Cruise. C’est chez Anderson, encore lui, que Hoffman trouvera l’un de ses derniers et plus grands rôles. Interprétant un personnage inspiré de L. Ron Hubbard face au vétéran paumé de Joaquin Phoenix dans The Master (2012), Hoffman y était grandiose, mettant comme à son habitude sa parfaite compréhension du personnage, son appropriation sans faille et pleine de sensibilité du texte, au service du récit pour river les yeux sidérés du spectateur à l’écran au cours de longues scènes de dialogue et de rêveries étranges.

Philip Seymour Hoffman (The Master de P.T. Anderson, 2012)Peu de rôles majeurs entre ces deux pierres angulaires de sa brillante filmographie – Hoffman consacrait beaucoup de temps au théâtre où il était à la fois metteur en scène et interprète – mais plusieurs grands films. Il y aura d’abord 7h58 ce samedi-là en 2007, ultime réalisation de l’immense Sidney Lumet puis, un an plus tard, le délicieusement complexe Synecdoche, New York de Charlie Kaufman, scénariste entre autres folies des films de Spike Jonze : Dans la peau de John Malkovich (1999) et Adaptation (2002). Non, Hoffman ne nous aura pas laissé suffisamment de moments de cinéma, mais ces quelques interprétations en auront à jamais marqué l’histoire. On attend de le découvrir, pour l’une des dernières fois malheureusement, dans A Most Wanted Man d’Anton Corbijn qui devrait sortir au courant de  l’année. Un très grand artiste vient de disparaître mais son œuvre, car c’est bien ce que Philip Seymour Hoffman aura construit tout au long de sa carrière d’acteur, nous continuerons longtemps à la savourer.

2 personnes ont commenté l'article

  1. Dernièrement, je l’ai beaucoup apprécié dans « A late quartet », film passé complètement inaperçu ici, je ne sais pas pourquoi. Mais je l’ai apprécié dans tous les films que j’ai vu, c’était vraiment un des rares très bons acteurs qui savent se fondre dans leur personnage sans qu’on ne perçoive le grimage ou l’intention (contrairement à Matthew McConaudhey sans « Dallas Buyers Cllub » ou Christian Bale dans « Fighter »).

    1. Je n’ai pas vu A Late Quartet, j’essaierai de me rattraper. C’est vraiment un acteur qui apportait de nouvelles qualités à tous les films auxquels il participait. Je n’ai pas spécialement aimé Caopte mais sa performance était excellente. Il l’est toujours. Disons qu’à la différence de beaucoup d’autres acteurs, Hoffman met toujours son intelligence du jeu, sa compréhension du personnage, au service du récit. Il ne cherche jamais à voler la vedette, mais sait être discret, intense ou s’imposer quand il le faut. Il n’a jamais eu à faire dans l’outrance, toutes ses performances étaient au contraire nuancées à l’extrême. Pourtant il crevait l’écran.

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