Cinéma | Litanies

2012 au cinéma : mentions spéciales

Voici une courte liste de films inédits et autres raretés que l’on a eu le plaisir de découvrir ou de revoir au cinéma au courant de l’année.

Berberian Sound Studio - Peter Strickland1. Berberian Sound Studio (2012)
film britannique de Peter Strickland

(projeté en avant-première à l’Etrange Festival)

Hommage lynchien au cinéma bis transalpin des années 1970, le caractère obsessionnel de Berberian Sound Studio revoie d’autre part au cinéma de complot américain de la même époque. Deux films clefs du genre viennent en tête ; Conversation secrète de Francis Ford Coppola et Blow Out de Brian De Palma avec lesquels celui de Peter Strickland partage une intense réflexion sur le rapport image-son. Pour son deuxième long-métrage, le réalisateur britannique dépeint le cauchemar de Gilderoy (Toby Jones, brillant), ingénieur du son anglais habitué aux documentaires animaliers que l’on fait venir à Cinecittà pour travailler sur « The Equestrian Vortex », un film d’horreur gothique à l’imagerie d’une violence obscène. Alors qu’il s’efforce d’enregistrer un accompagnement sonore digne des perturbantes images qui défilent sous ses yeux, Berberian Sound Studio plonge dans les affres de la création artistique. Sortie française prévue le 3 avril prochain et je vous en reparlerai d’ici là.

Lire la critique de Berberian Sound Studio sur Cinésthésies

2. 11.25: The Day He Chose His Own Fate (2012)
film japonais de Koji Wakamatsu

(projeté en avant-première à l’Etrange Festival)

11.25: The Day He Chose His Own Fate - Koji WakamatsuDécédé en octobre dernier, l’avant-dernier film de Koji Wakamatsu – grand cinéaste enragé – avait été diffusé un mois plus tôt dans le cadre de l’Etrange Festival. Retraçant le parcours politique de Yukio Mishima, Wakamatsu poursuivait une réflexion distanciée entamée depuis United Red Army et Le Soldat Dieu sur le Japon d’après-guerre ; celui dont il s’était fait dans les années 1960 l’un des plus ardents critiques.

3. John Dies at the End (2012)
film américain de Don Coscarelli

(projeté en avant-première au PIFFF)

John Dies at the End - Don CoscarelliDix ans après Bubba Ho-Tep, n’ayant signé qu’un (très bon) épisode de Masters of Horror entre temps, le réalisateur de Phantasm nous revient avec un film qui lorgne autant du côté du gore que de la comédie teenager des années 1980. Il y a très peu de chances que ce nouveau délire de Coscarelli connaisse une distribution en salles (Bubba Ho-Tep avait atterri pour la joie de fans impatients à l’Orient Express après de nombreuses années d’attente) mais si, par chance, il débarque chez nous en straight-to-video, jetez-vous dessus.

4. Knightriders (1981)
film américain de George A. Romero

(projeté à l’Etrange Festival)

Knightriders - George A. RomeroLe succès de la trilogie des morts-vivants fut, pour George A. Romero, à double tranchant. D’une part, la notoriété qu’elle lui valut permit à cet ancien publicitaire de réaliser des films politisés avec beaucoup d’indépendance. Malheureusement, certains de ses films les plus intéressants comme Martin ou La Nuit des fous-vivants étaient destinés à passer inaperçu, le public attendant de la part du grand binoclard toujours plus de zombies ; chose que la déferlante actuelle des films que ses œuvres séminales ont inspirés n’arrange en rien. Ainsi de ce très beau Knightriders, une relecture contemporaine des légendes arthuriennes où le rôle des chevaliers de la Table ronde est assumé par une bande de motards errants jamais distribué en France, que ce soit en salles ou en DVD. Pas de fantastique en vue, ni même d’horreur, mais Romero y évoque à merveille l’ambiance des années 1970 où une multiplicité de contre-cultures luttait pour trouver leur place en marge de la société de consommation.

5. La Servante (1960)
film sud-coréen de Kim Ki-young

(restauré en 2008 par The Korean Film Archive avec le soutien de la World Cinema Foundation, distribué en France par Carlotta Films)

La Servante - Kim Ki-youngSi la qualité de la restauration n’est pas toujours au rendez-vous, La Servante est néanmoins un précieux apport au patrimoine cinématographique de la World Cinema Foundation de Martin Scorsese. Certaines scènes de cet oppressant mélodrame sont malheureusement bien trop endommagées pour offrir au spectateur une qualité de visionnage optimale. Le film de Kim Ki-young est quant à lui une véritable révélation ; son cynisme et sa cruauté renvoyant très clairement à The Servant que Joseph Losey ne réalisera que trois années plus tard.

6. The Wicker Man (1973)
film britannique de Robin Hardy

(projeté en deuxième partie de Kill List, aux Minuits de l’Opéra)

The Wicker Man - Robin HardyAutre film qui ne connut pas de véritable distribution française à l’époque de sa sortie, The Wicker Man a lui, au moins, gagné son rang d’œuvre culte grâce à la diffusion télévisée et au marché de la vidéo. Sur grand écran, bien qu’en version courte et une copie 35mm à la bande sonore en assez mauvaise condition, le film de Robin Hardy conserve toute son effrayante et étrange splendeur. The Wicker Tree, remake contemporain du film par Hardy lui-même, n’est malheureusement pas du tout à la hauteur de l’œuvre originale et ne mérite pas que l’on s’y attarde.

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