Cinéma | Nouvelles du front

Le Transperceneige (Snowpiercer)
un film de Bong Joon-ho (2013)

Le Transperceneige (Bong Joon-ho, 2013)C’est dans sa traduction coréenne que Bong Joon-ho, déjà responsable des excellents Memories of Murder (2003) et The Host (2006), découvrit Le Transperceneige. Passée sous le crayon de François Schuiten ou encore Régis Loisel après le décès d’Alexis, celui qui en fut à l’origine, l’histoire serait finalement scénarisée par le regretté Jacques Lob et illustrée par Jean-Marc Rochette. D’abord publié par épisodes dans la revue (A SUIVRE) à partir de 1982, le premier volume ne verrait paraître sa suite qu’à la toute fin des années 1990, Benjamin Legrand officiant désormais au scénario. Il semble donc naturel que ce soit le regard d’un autre auteur qui nous fasse redécouvrir aujourd’hui Le Transperceneige. Parmi les nombreuses bandes-dessinées de science-fiction franco-belges de la grande époque, il faut bien avouer que jusqu’à très récemment celle-ci était quelque peu oubliée. Pourtant, avec ses résidus d’humanité sillonnant un monde plongé dans une nouvelle ère glacière à bord d’un immense train, le récit retraçant la révolte des queutards – misérables passagers consignés aux sordides wagons du fond – est plus que jamais dans l’air du temps.

Le Transperceneige (Bong Joon-ho, 2013)Centré sur les débuts de la révolution, où les rebelles menés par Curtis affrontent les forces de l’ordre pour remonter les wagons dans un bain de sang plutôt timoré, la première partie du film peine à imprimer son rythme au spectateur. Pêchant par un manichéisme forcé, à l’image du sur-jeu d’une Tilda Swinton méconnaissable en dame au cœur de fer, mais aussi par la déconcertante mollesse de ses scènes d’action, le dynamisme fait alors cruellement défaut à la mécanique narrative. La seconde moitié se montre heureusement bien plus séduisante. En parvenant à remettre en jeu la naïveté de son allégorie sociale alors que Curtis et ses compagnons s’acheminent dans la confusion vers la divine locomotive, le film bascule subitement dans une série de tableaux surréalistes pour s’emballer autour des rapports de force inhérents à toute société humaine. Pour ses ultimes kilomètres, Le Transperceneige ne dépend ainsi plus du simple enjeu d’ascension sociale pour se projeter vers l’avant mais trouve une passionnante force motrice en la confrontation entre le mouvement perpétuel comme signe de vie et une stagnation devenue synonyme de mort. Débarrassé d’une construction linéaire que lui imposait la rigidité du décor, Bong Joon-ho parvient dès lors à renouer les progressions dramatique et thématique du récit dans la complexité retrouvée de ses personnages. Une tension inespérée remonte enfin à la surface pour rompre la glace, souiller l’immaculée couche de neige et provoquer l’implication émotionnelle du spectateur.

2 personnes ont commenté l'article

    1. La seule chose qui m’ait dérangé dans le film c’est l’utilisation de l’espace du train dans ses premières parties, ça manque un peu de relief. Voire peut-être la toute fin. Sinon je pense que le film devrait te plaire dans son ensemble. J’en garde une impression positive même s’il avait quelques défauts. Par contre, si tu n’as pas vu The Host du même réalisateur, tu peux te jeter dessus.

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