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100 ans et plus de cinéma fantastique et de science-fiction
un livre de Jean-Pierre Andrevon (Rouge profond, 2013)

100 ans et plus de cinéma fantastique et de science-fiction (Jean-Pierre Andrevon, 2013)Plus imposant qu’un Grand Larousse illustré, 100 ans et plus de cinéma fantastique et de science-fiction se révèle aussi, et cela n’étonnera certainement pas grand monde, bien plus passionnant à la lecture. Je vous rassure tout de suite, je n’ai pas encore dévoré les quelques 5000 critiques de films qui, s’étendant de Méliès à Carpenter en passant par Fassbinder et bien d’autres encore, composent ce monstrueux volume. Mais rien qu’à feuilleter ses quelques 1100 pages en couleur, m’attardant sur certains morceaux choisis avant de reposer les quatre kilos du pavé pour éviter ces douloureuses courbatures du lendemain, il paraît évident que l’excellent éditeur Rouge profond nous offre là un précieux ouvrage sur le cinéma fantastique et de science-fiction. C’est l’un des rares livres de référence à avoir été publié en français sur ces sujets foisonnants et, même dans la langue de Shakespeare qui reste pourtant davantage propice à ce type de publications, je n’ai encore rien croisé d’aussi monumental.

Recueillant des critiques de films écrites par Jean-Pierre Andrevon, auteur français de science-fiction à qui l’on doit notamment Les Hommes-machines contre Gandahar (1969) adapté par René Laloux en 1988 pour son célèbre film d’animation, 100 ans et plus… couvre de manière aussi exhaustive qu’humainement possible ces genres cinématographiques qui nous sont si chers. Les avis de l’auteur et de ses collaborateurs (François Cau, Pierre Gires, Jean-Pierre Fontana, Bernard Médioni et Sébastien Socias) sont certes parfois discutables mais, grâce à la concision des articles et une prose toujours élégante, la lecture s’avère très agréable. Si certains titres manquent à l’appel, leur exclusion se fait toutefois au profit d’œuvres souvent confidentielles, privilégiant donc la curiosité du lecteur. Viennent s’intercaler entre les billets de nombreuses rubriques thématiques qu’accompagnent immanquablement de riches filmographies. Consacrés aux figures majeures du cinéma fantastique et de science-fiction (réalisateurs, scénaristes et personnages récurrents) ainsi qu’aux sous-genres (loups-garous, slashers, zombies) ou à d’autres aspects variés (les affiches, les courts-métrages, les effets spéciaux), ces apartés permettront à l’amateur de découvrir les versants les plus insoupçonnés de ses sujets de prédilection.

L’unique défaut de l’ouvrage est la qualité parfois médiocre des reproductions et l’absence totale de légende ce qui compliquera la tâche à ceux qui désirent identifier quel film illustre telle ou telle image. Je reprocherais aussi aux auteurs de succomber à la fâcheuse tendance de vouloir à tout prix coller une note à chaque film, pratique affreusement scolaire que j’encourage tout le monde à abandonner au plus vite. Hormis cela, 100 ans et plus de cinéma fantastique et de science-fiction devrait vous accompagner pendant de nombreuses années et découvertes dans votre exploration du cinéma de genre et mérite, malgré l’investissement considérable que représente son prix, de trôner dans la bibliothèque (voire plutôt la table de chevet en bois massif étant donné le poids de la chose) du moindre passionné d’extraterrestres visqueux, de morts-vivants affamés et autres créatures de tous bords.

2 personnes ont commenté l'article

  1. Même si nous aussi on pratique la notation des films, ce que je ne trouve pas toujour très heureux, on va dire que quand on traite un ciné plus commercial (ce que tu fais assez peu et je t’en félicite, c’est ici que je fais les plus et les meilleures découverte) c’est tout de même assez pratique…..

    1. Faut bien que je fasse mon rabat-joie de temps à autre!

      En fait, c’est justement ce côté pratique de la note qui me désole. C’est un peu la mort du discours critique, la note permettant de donner une appréciation d’un film sans avoir à se justifier, ni à faire comprendre (et donc à comprendre soi-même) ce que l’on a aimé ou détesté dans l’œuvre. Évidemment, je ne veux pas dire par là que tout site qui pratique la note se dispense d’un esprit critique, simplement que le fait que la note domine sur Internet, avec des sites comme IMDB, AlloCiné ou Rotten Tomatoes, m’exaspère un peu. Ça donne une vision du cinéma qui n’a pas le moindre sens, si ce n’est le consensus. De plus je trouve la note affreusement scolaire (juste/faux) et manquant de transparence (sur quels aspects note-t-on le film?).

      Je trouve aussi étrange que l’on se permette de noter un film ou un album de rock alors que personne ne songerait à noter un tableau de la Renaissance ou une symphonie de musique classique. Pourquoi cette différence de traitement? Je ne sais pas si tu connais la revue Brazil, mais je trouvais justement intéressant qu’ils aient un barème qui leur permettait de donner un avis plus nuancé en notant indépendamment le scénario, la mise en scène, les acteurs… Malheureusement, ça fait deux fois que la revue disparaît et je ne pense pas qu’on soit prêt de la voir renaître. C’est con, c’était une de mes revues préférées sur le cinéma.

      Merci pour les compliments, ça fait toujours plaisir de savoir que j’arrive à faire découvrir quelques films. C’est justement la raison pour laquelle j’évite de parler des films qui cartonnent, non pas que je les déteste, mais je pense qu’il faut consacrer de l’énergie à promouvoir d’autres choses. Sauf si on a une vision très personnelle sur un film, ce qui est quand même assez rare. Les gens n’ont pas spécialement besoin qu’on les encourage pour aller voir Gravity et Pacific Rim et les majors n’ont pas besoin de publicité gratuite. Alors que les indés, ça leur fait pas de mal.

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